Le soleil se levait, une nouvelle matinée commençait.
Elle avait mal dormi, très mal dormi et n'avait pas envie de travailler aujourd'hui. Mais que pouvait-elle faire ? Envoyer un tofu express à son patron pour lui dire : "Désolé, aujourd'hui je ne travaille pas. La bise." Et puis quoi encore ? Une augmentation de salaire ? Il risquerait surtout de baisser le sien. Peut-être avait-elle de bonnes relations avec les employés, mais pas avec le chef. Il veut du bénéfice lui, il en a rien à faire des employés !
Ainsi, Cealicia se leva et alla se préparer. Une trentaine de minutes plus tard, elle se regardait dans le miroir et découvrit son visage : "Ces cernes... ils vont penser que je suis allée faire la fête toute la nuit ! Pourquoi tant d'acharnement ? Qu'est ce que j'ai fait au juste? Je mérite pas ça moi !"
"Pas question que je travaille comme une folle aujourd'hui... je leur dirai que j'ai mal dormi, et que le lendemain je me rattraperai. De toute façon, le patron passe rarement, il préfère se balader à Madrestam et ricaner avec ces filles..." pensait-elle.
Une fois sortie dehors, Cealicia s'assura qu'elle avait bien fermé la porte. Mais à quoi ça servait au final? Il avait bien réussi à rentrer une fois, alors ce ne sera pas difficile de recommencer.
"Direction la taverne ! Tu parles d'un métier..." Sur le chemin, elle se demandait encore ce que signifiaient ces papiers. "On joue avec moi, on essaie de me rendre folle, et on me rendra mon chien... Et le lendemain, tout recommencera, comme avant."
"Tu parles, si on t'a fait ça c'est qu'on te veut du mal ! C'est pas drôle si tu t'en sors sans égratignures, c'est pas ce qu'ils recherchent ! " Elle était en conflit intérieur avec sa petite voix, celle qui était pessimiste au plus haut point... Mais, elle n'a pas l'air d'avoir tort.
Arrivée au travail, elle ouvrit la porte et réalisa une fois de plus toutes ces tâches monotones... Laver ce qui est sale, ramasser et remettre les objets à leur place initiale... Donner l'impression qu'on prend soin des clients...
-"Salut ! Déjà là? Tu dois t'ennuyer..." lançait Ygal. C'était un collègue qui était arrivé pendant qu'elle nettoyait, il était chargé de faire le boulot que tous les taverniers connaissent si bien : faire boire le client et lui faire dépenser son argent.
"-Salut Ygal... Tu sais chez moi, y'a pas trop de choses pour s'amuser... Alors plutôt que de rien faire, je suis venue travailler..."
Il n'observait rien d'anormal chez elle aujourd'hui.
"-Dis... j'ai remarqué deux types louches hier soir à cette table." Il lui montrait la table du doigt. " Je les regardais un peu mais je ne voulais pas qu'ils pensent que je les surveillais, alors j'ai pas tout entendu mais..."
-"Mais quoi ? Continue! "
-"Ils ont laissé un mot sur un journal qui traînait par terre, regarde le. C'est pour toi, je crois..."
Elle prit le journal dans ses mains et lut avec attention.
"Ca va ? Tu deviens tout..."
-"TAIS TOI !" cria-t-elle. C'était la première fois qu'elle l'avait coupé depuis qu'ils s'étaient rencontrés.
Elle laissa tout en plan et quitta la taverne, prenant bien soin de claquer la porte derrière elle.